Le régime végétalien est-il risqué pour la santé ?
Le végétalisme fait partie de ces notions qui, dès qu’elles sont mises sur la table, provoquent des débats violents. Personne n’est d’accord, les médecins et les nutritionnistes des deux camps s’affrontent en public, et chaque intervention d’un spécialiste d’un bord ou de l’autre sur Internet a pour conséquence un afflux de commentaires outrés et accusateurs. Néanmoins, une majorité des avis scientifiques recommande un équilibre : le régime végétalien, pourquoi pas, mais avec prudence. Voici pourquoi.
Le régime végétalien : un idéal difficile à appliquer
Le régime végétalien consiste à éviter de consommer des produits d’origine animale ainsi que tous les produits transformés :
- Viandes
- Volailles
- Poissons
- Fruits de mer
- Œufs
- Lait
- Produits laitiers
- Pâtisseries, gâteaux
- Pâtes aux oeufs
Avec le jeu de la consonance, il n’est pas rare de confondre « régime végétalien » et « végétarien ». Or, ce dernier est, en général, considéré comme bon pour la santé, puisqu’il permet d’équilibrer les apports en protéines en diversifiant leur provenance (animale ou végétale).
Le régime végétalien, lui, n’accepte que les produits végétaux. Mais il ne s’arrête pas là. Les végans ont également étendu leurs habitudes alimentaires à toute leur philosophie de vie. Opposés à l’exploitation des animaux, ils refusent d’utiliser des produits contenant des substances d’origine animale (comme les cosmétiques) ou qui ont été testés sur des animaux. Ils ne portent ni laine, ni soie, ni cuir, uniquement des tissus et des fibres d’origine végétale. D’où la difficulté de suivre cet idéal de vie dans nos sociétés contemporaines, dans lesquelles ces produits sont compliqués à éviter.
Des risques pour la santé ?
Le principal problème du régime végétalien, c’est son apport nutritionnel global insuffisant, qui représente un risque pour la santé. Et notamment pour la masse musculaire qui, faute de protéines d’origine animale, tend à se réduire. Ce régime s’accompagne régulièrement, chez ceux qui le pratiquent, de carences en fer, calcium, iode, zinc, vitamine D et vitamine B12, mais aussi d’anémies et de déficit calcique, qui empêche la constitution d’un squelette solide. Il est surtout risqué chez les enfants, les adolescents, les femmes enceintes et les personnes âgées.
De fait, ce régime est difficilement compatible avec l’équilibre nutritionnel recommandé par les autorités sanitaires, et sa pratique implique de consommer des compléments alimentaires. La vitamine B12, par exemple, peut être compensée par des apports spécifiques.
Les défenseurs de ce régime estiment, eux, que seule la vitamine B12 est impossible à trouver avec une alimentation uniquement végétale, mais que les effets d’une telle carence ne se développent qu’après des années. Ce qui laisserait le temps de s’en préoccuper. Dans l’absolu, les végétaliens défendent surtout l’idée que leur hygiène alimentaire est meilleure pour la santé que le fait de consommer des substances animales, qui contiennent protéines et graisses.
Le mythe végétarien
Parmi les végétariens, les végétaliens forment une caste à part, persuadée de sauver la planète en même temps que leur santé en misant toute leur alimentation sur les seuls produits végétaux. Dans son livre, Le mythe végétarien, l’auteure américaine Lierre Keith raconte sa propre histoire : comment elle est devenue végétalienne à l’âge de 16 ans en suivant la famille d’une amie. Comment elle voulait sauver les animaux, protéger la planète, améliorer sa santé et aider les autres humains. Et comment, au bout de 20 ans, elle a décidé de prévenir le public des dangers du végétarisme extrême, qui lui a détruit la santé.
Dans son ouvrage, elle distingue trois sortes de végétariens/végétaliens :
- Les éthiques, qui pensent pouvoir vivre en évitant au maximum la mort des êtres vivants qui les entourent ;
- Les politiques, motivés par l’idée d’une meilleure distribution des ressources via une moindre consommation de viande ;
- Les nutritionnistes, motivés par des questions de santé, qui pensent que les protéines vont les tuer et qu’ils ont juste besoin de glucides.
Ces trois groupes ont un point commun, outre le fait de ne manger aucune substance d’origine animale : ils sont persuadés que le végétalisme contribue à sauver la planète en même temps qu’il améliore la santé. Ce qui est une erreur grossière. Lierre Keith s’en explique dans cette interview en vidéo :
Les risques d’un régime dénué d’aliments d’origine animale
Pourquoi est-ce une erreur de penser que le régime végétalien serait meilleur pour la santé que les autres habitudes alimentaires ? Parce qu’il repose sur quelques incompréhensions qu’un nutritionniste, sur ce site, s’est chargé de rappeler :
- Les êtres humains sont omnivores : pour fonctionner correctement, ils ont besoin de se nourrir d’animaux et des plantes. Certains nutriments ne peuvent être obtenus que de l’une ou de l’autre façon, et la vitamine B12, par exemple, manque chez 92 % des végétaliens.
- Les études en faveur du végétalisme manquent. Il n’existe aucun essai scientifique contrôlé qui tendrait à prouver qu’un régime végétalien serait meilleur que toute habitude alimentaire. Les défenseurs de ce régime s’appuient souvent sur un argument fallacieux : c’est parce qu’un apport trop riche en matières grasses et trop pauvre en glucides serait mauvais pour la santé que le régime végétalien, par contraste, serait meilleur. Or, la plupart des études qui le disent sont des études dites d’observation, sans fondement scientifique.
- Les végétaliens peuvent se montrer alarmistes… à tort. Il y a certes de la propagande des deux côtés, mais il peut s’avérer dangereux de prôner une alimentation dénuée de toute nourriture d’origine animale, surtout quand cela est fait avec des arguments mensongers, ou qui reposent sur des vérités partielles.
- Le régime végétalien a des vertus… à court terme. Les avantages d’un tel régime sur la santé tiennent au fait que les végétaliens excluent sucres ajoutés, glucides raffinés, huiles végétales et acides gras trans. Sans compter que les tenants de ce régime recommandent de faire du sport et de cesser de fumer. Sur un long terme, par contre, les carences en nutriments peuvent avoir des conséquences importantes sur l’organisme.
- Il n’y a aucun bénéfice pour la santé à stopper toute consommation d’aliments d’origine animale. Nos besoins en protéines animales découlent d’un héritage qui remonte à plusieurs centaines de milliers d’années durant lesquelles nos ancêtres ont consommé des protéines, et ont évolué avec. S’il faut agir, c’est plutôt sur l’élevage intensif et la cruauté envers les animaux.
En résumé, les bienfaits du régime végétalien découlent surtout du fait qu’en l’adoptant, on renonce à une consommation trop riche en substances dangereuses pour la santé. Mais un tel choix alimentaire ne peut, semble-t-il, pas être viable sur un très long terme. Sans compter le fait, rappelé par Lierre Keith, que l’agriculture intensive n’est pas nécessairement meilleure que l’élevage pour la planète.