Sexe et contraception : vers une parité femme/homme ?
Une toute récente étude en 2018 aux États-Unis a révélé que le premier essai clinique d’une pilule contraceptive pour homme a porté ses fruits. Attention toutefois à ne pas crier victoire tout de suite. En effet, il existe encore quelques effets secondaires touchant certains volontaires masculins qui restent à supprimer pour que son usage puisse être rendu public et officiel. Cette avancée scientifique semble néanmoins ouvrir une certaine parité entre les femmes et les hommes en ce qui concerne la contraception, et j’en suis bien contente car il était temps !
Des usages qui changent
Sans même parler d’une disparité entre les femmes et les hommes, il existe déjà des différences d’usages parmi les femmes en âge de procréer. La gent féminine est en effet celle sur laquelle repose principalement cette charge devenue mentale dans un couple hétérosexuel. Pilule, pilule du lendemain pour la contraception d’urgence, stérilet, implant, anneau vaginal… de nombreuses méthodes existent à l’intention des femmes pour contrôler le processus de reproduction.
L’apparition de la pilule contraceptive féminine et sa légalisation en France en 1967 a constitué une véritable avancée sociale pour toutes les femmes. Même si la lutte a été difficile et la route encore bien longue à cette époque (le remboursement de la pilule par la Sécurité sociale n’a pu être effectif qu’à partir de 1974 !), cette démocratisation de la pilule de contraception a amorcé des changements dans les comportements. En 1968, le retrait était encore la méthode de contraception privilégiée. En 2016, c’est la pilule régulière qui est davantage prisée.
Autre exemple de modification des comportements au fil des années lorsqu’il s’agit de contrôler la grossesse, la « tendance » est aujourd’hui davantage tournée vers le port du stérilet, ou DIU au cuivre, ou vers l’utilisation de méthodes de contraception dites « naturelles », dont le retrait fait notamment partie. En effet, les jeunes générations sont plus enclines à ces méthodes alternatives suite aux polémiques qu’ont suscitées certaines pilules contraceptives vis-à-vis de leurs potentiels dangers sur la santé. Ainsi, se faire poser un Dispositif Intra-Utérin semble être un comportement de plus en plus significatif dans les statistiques sur les usages des différents moyens de contraception disponibles en France.
Vers une masculinisation de l’usage de contraception ?
C’est ce que l’étude américaine que nous avons évoquée en introduction laisse supposer. Depuis les premières méthodes récentes de contraception, hormis peut-être le préservatif masculin qui a été massivement démocratisé via les campagnes de sensibilisation au virus du Sida, il est coutume d’attribuer la tâche de veiller à une contraception contrôlée à la femme. C’est en tout cas un comportement qui semble naturel et généralisé aux couples français hétérosexuels même si les exceptions sont bien sûr nombreuses et diverses.
Pourtant, l’idée d’une contraception hormonale masculine comme peut l’être la pilule n’est pas nouvelle dans l’esprit des scientifiques. Un premier test, concluant, a en effet été effectué en 1979, mais aucun laboratoire pharmaceutique n’a trouvé le concept assez intéressant pour y investir des moyens ! Nous pouvons philosopher et tenter de trouver une explication à ce qui semble être un retard dans l’évolution des pratiques en termes de contraception et de parité femme/homme. Serait-ce la société patriarcale dans laquelle l’Occident semble être plongé depuis des siècles qui provoque ces disparités d’utilisation d’une contraception ? La charge mentale imposée aux femmes depuis toutes ces années se transmettra-t-elle finalement un jour aux hommes ? Seul l’avenir nous le dira.